mardi 22 octobre 2013

Eric Irastorza, une montagne basque en Floride





« Toute récompense est attribuée quand il y a du travail et des sacrifices derrière. »







En fait, il faut peu d'éléments pour faire une belle carrière : du talent souvent, des sacrifices et du travail toujours, des circonstances heureuses parfois et de la volonté avant tout. Eric Irastorza a réuni tout cela, et même plus, pour devenir ce qu'il est aujourd'hui, et ce depuis plus de dix ans : un des tous meilleurs joueurs pro de cesta punta au monde. 

Physiquement, Eric Irastorza est une montagne. Imposant, il dégage une puissance et une assurance de statue de la Renaissance italienne. Mais au contraire du David de Michel-Ange ou de l'Hercule de Bandinelli - je vous invite à aller voir ces chefs-d'œuvres sur internet pour en apprécier l'esthétique - Eric s'exprime d'un regard et d'une voix impressionnants de conviction. La volonté, la détermination, cette force intérieure, c'est de là que tout est parti pour ce natif de Bayonne qui débute à dix ans sur le fronton de Bidart. Seize fois champion de France dans les catégories jeunes et deux fois vainqueur du championnat du monde amateur, à Cuba en 1995 et à Mexico en 1998, il décide de franchir l'océan qu'il côtoyait tous les jours pour s'installer là où la pelote est un métier : Miami. 

Il a 22 ans quand il débarque dans la ville la plus hispanique des Etats-Unis avec son "gant" et sa valise. Dans celle-ci, il y a tous ses titres et une ferme ambition : « être le numéro un. » Les premiers jours ses couronnes de lauriers ne lui servent à rien « Tu as beau avoir gagné de nombreux championnats chez les amateurs, quand tu arrives là-bas, tu repars à zéro.  » C'est alors sa rage de réussir qui va le mener à cette remarquable carrière. Cinq fois champion du Monde (2000, 2006, 2007, 2008 et 2013 il y a quelques jours à Biarritz), vainqueur des Internationaux de Saint Jean de Luz à cinq reprises, sept fois auréolé du Gant d'Or à Biarritz (dont le dernier cet été) et de nombreux tournois en Floride.


Etre le meilleur 
Un palmarès admirable qui mérite tout le respect dû à un grand champion. Pour arriver, et rester  aussi longtemps à ce niveau, il faut un caractère hors normes et de la persévérance sans faille pour surmonter les difficultés récurrentes que sont les blessures, la fatigue, voire le découragement épisodique. Mais la montagne basque de Miami a traversé - et traverse encore - les obstacles avec opiniâtreté. « Toute récompense est attribuée quand il y a du travail et des sacrifices derrière. » lance t-il comme pour justifier sa réussite, «Je n'ai eu que ce but en tête depuis que je suis à Miami et je dois travailler tous les jours pour faire mes preuves. » Avec six après-midi de jeu par semaine, les matinées sont consacrées aux entraînements et surtout à la récupération. « En prenant de l'âge, la récupération devient de plus en plus importante » s'amuse Eric qui a fêté ses 37 ans au mois d'août. 






Biarritz ou Miami ?
S'il se donne encore « deux ou trois ans de jeu au plus haut niveau, à condition que mon genou me laisse tranquille » il conte avec bonheur son histoire et son parcours jusqu'à ce jour. Quant à l'avenir, il l'appréhende avec sérénité mais sans certitude. « Quand on m'a proposé de partir à Miami après le titre de 1995, j'étais trop jeune. Je préférais continuer à faire mes armes chez les amateurs et obtenir un diplôme avant de tout quitter pour me lancer dans cette aventure. » Un BTS Commerce International qui lui permet d'envisager une reconversion entre Miami et Biarritz, peut-être dans la promotion de Ttilika, la marque qu'il a créée en 2000 avec trois amis. En attendant, Eric continue de pratiquer son art et de susciter des vocations auprès de jeunes d'ici ou d'ailleurs. Si son parcours peut servir d'exemple à de nombreux prétendants, il insiste sur les deux points importants qui ont participé fortement à sa réussite : la volonté et le travail.
Fin août, l'ancien jeune pelotari de la Kostakoak de Bidart est reparti à Miami vivre de sa passion et se confronter aux meilleurs joueurs mondiaux. Il lui faudra continuer à travailler et garder cette envie d'être le numéro un s'il veut revenir l'été prochain sur ses terres basques pour briller et décrocher encore quelques trophées. Les trinquets n'ont pas fini de résonner du bruit de ses pelotes sur les murs.


Quatre invités pour un repas idéal :
« Ma maman et ma grand-mère, toutes les deux malheureusement disparues, Michael Jordan et Bono, le chanteur mais aussi l'homme de conviction. Pour ce repas atypique où les invités sont très différents, il y aura des kokotxas, puis un assortiment de viandes grillées à la broche à la mode
brésilienne avec de l'ananas pour caraméliser. Et pour finir, un russe. 
»


Questions… Réponses
La première pensée au réveil : Mal nulle part ?
Une devise : Ne remets pas à demain ce que tu peux faire aujourd'hui.
Le pire défaut chez un homme : L'irrespect.
Un film : Gladiator.
Une chanson : When the streets have no name de U2.
Une peinture : "Labyrinth Patterns : Natural Textures", une toile de mon amie.
Un restaurant : Briketenia à Guéthary.
Un plat : La lotte.
Un vin : Un Saint-émilion ou un Saint-Estèphe.
Un jaï-alaï : Deux plus précisément : Miami et Biarritz.
Un lieu de sport : Un trinquet où règne une atmosphère spéciale.
Le pire souvenir de sport : Ma rupture du tendon d'Achille au championnat du monde à St Jean de Luz en 2004. Une terrible déception.
Le meilleur souvenir de sport : Le titre de champion du monde en 2000 à Gernika. Battre les espagnols chez eux, c'était fantastique.